On y rentrait comme on arrive par erreur dans des marécages. Seuls une obligation, un cas de force majeure nous menaient à engluer nos pieds dans son hall d’entrée, collant comme le miel, puant comme les selles.
Dans la pénombre aux ampoules fanées, on devinait une unique pièce, et sous nos doigts qui faisaient défiler le mur comme une rampe, la vie grouillait sans bruit. Il n’y avait pourtant pas de fromage en fuite, pas de viande oubliée ou de fruits poilus.
Ce fumet, au carrefour de l’aigreur et de l’acidité, provenait vraisemblablement de la poussière moisie, installée sur tout ce qu’elle pouvait conquérir.
Au bout de la pièce, après une dizaine de pas entre les lattes poinçonnées et les blattes affamées, une lucarne éclairait un secrétaire en bois, dont l’éclat sifflait sous le doigt.
Hameau rescapé du raz-de-poussière, il était délimité par quelques plantes, menues et grasses, qui baignaient de joie dans le halo de lumière.
Et au milieu de cette noble table, des pages reliées par une ficelle de boucher, noircies d’une graphies des plus soignées, contaient, elles, l’histoire de la plus belle villa du monde.